A Kep,

Ce petit village de campagne me fait penser à ce que pouvait être Saint Tropez il y a cent ans. Une côte magnifique entre mer et montagne que longe en partie une très bonne route en corniche, de très beaux arbres jusqu’au ras de la mer, plusieurs jetées, un petit port animé où les bateaux de pêche viennent vider leur cargaison de crabes, crevettes, petits poissons et calamars, immédiatement placés dans des casiers viviers à deux pas du rivage, et où, les femmes, tout habillées, vont chercher , de l’eau jusqu’aux aisselles,  à la demande des restaurants et des particuliers, les crustacés vivants. Et des petits restaurants construits de bric et de broc, aux murs et aux toits de tôles, pailles, nattes tissées, l’un s’appuyant sur l’autre, qu’un œil ( le nôtre) non averti peut prendre pour des cabanons, avec une avancée sur pilotis au-dessus de la mer. Mais ce sont bien des restaurants, bien situés qui plus est, et qui vendent la nourriture plus chère qu »ailleurs ! privilège de l’emplacement ; On y mange des assiettées largement servies de crevettes à toutes les sauces, de crabes, aux mêmes sauces, de calamars frits de trente six façons, avec un bol de riz, et raffinement suprême ; avec un verre de vin blanc ! Les crabes ou les crevettes au poivre vert de Kampot – ne dit-on pas que c’est le meilleur poivre au monde – sont un délice.

Kep était connue des colons français qui y avaient construits des villas. La bourgeoisie, et même l’épouse du Roi Sihanouk, avaient pris le relais et fait édifier de belles demeures, dont il ne reste aujourd’hui que les carcasses désossées, les murs noircis, et les clôtures qui soulignent l’importance des propriétés. La guerre a fait rage entre les Khmers et les Vietnamiens, et encore bien après 1979, et tout a été ravagé. Comme par ailleurs, les Khmers Rouges ont décimé toutes les familles aisées, entre autres, il n’y a plus personne pour récupérer les biens. On nous a dit que c’est un imbroglio sans nom, pour établir les nouveaux titres de propriété.

Malgré toutes ces carcasses de maisons l’endroit n’est pas lugubre. La végétation, elle, est magnifique. Quelques (rares) propriétés richissimes renaissent, La municipalité a recrée deux bonnes routes dont un boulevard de mer, tracé deux belles places, et la vie a repris., Des cambodgiens d’ici ou venus d’ailleurs se refont une vie, entre les cultures de riz, de poivre, de fruitiers, les marais salants, la pêche et les petits commerces. Il y a des écoles, un orphelinat, un important centre de police, des fonctionnaires. Si la paix se maintient dans cette région, Pek redeviendra une superbe station balnéaire. Je parle de la paix comme n’allant pas de soi, car les très proches voisins Viets lorgnent sur cet endroit, et la Thaïlande, à l’ouest, en fait autant sur l’autre partie de côte. Et les Cambodgiens n’aiment ni les uns ni les autres, Et ils n’ont pas trop les moyens de leur indépendance ….

Pour l’heure, c’est encore pour beaucoup, la précarité, et la pauvreté. Le passé traumatisant n’est pas enseigné aux jeunes ; et il y a moins de 20 ans que le sol est déminé ; on ne voit pas de personnes âgées. Il faut tout reconstruire, le système social ; éducatif, familial. Vraiment ces gens-là, en ont vu et du pire ! Il n’y a que les politiques qui semblent vigoureux. Jusqu’où et pour qui ?

Nous avons passé notre première matinée à Kep, comme toujours en levant le nez, et nous sommes restés interdits devant une petite pancarte bricolée et  fléchée: « école française, exposition » !

Nous nous concertons : »On va voir ?

Une dizaine de mètres d’un chemin local plus loin, à l’identique et imbriqué dans les autres maisons, nous découvrons le lieu où vivent de jeunes français qui ont ouvert de leur propre chef et en concertation avec un cambodgien exilé de retour au pays, un centre d’apprentissage du français et de scolarisation des enfants et adultes, gratuit bien entendu, ouvert en priorité aux familles ne pouvant pas payer la scolarité, obligatoire et gratuite bien évidemment.

 Nous allons passer notre matinée ; à découvrir l’école, les six volontaires présents ; a échanger sur leurs moyens de vie, non subventionnés, leur relations avec les gens, les enfants, leurs projets présents et futurs. Avec le responsable de l’école et sa jeune femme, nous parlerons de sa démarche et de sa vie en France …. Beaux moments. Qui nous donneraient l’envie de poser notre sac et d’offrir un peu de ce que nous savons ….

 Pour finir, 2 adresses

L’orphelinat a été crée grâce à des dons français en particulier, et porte le nom de : ASPECA

Le site internet de l’école : www.ecolepourtousaucambodge.org

Comments

[Marcmarie]

On en a l'eau à la bouche!
Effectivement on ne passe par par Kep sans un arrêt à cette plage pour déguster crabes et crevettes! Et la vie tout autour de ce village est passionnante à observer...