Angkor, deuxième
Malraux nous est quand même revenu, lorsque nous sommes allés visiter, à une quarantaine de Kms (en taxi) le Banteay Srei, ce temple que nous avons beaucoup aimé - et lui aussi certainement, ce qui lui avait valu quelques ennuis avec la police locale. Là, « tout est calme, luxe … » Façon de dire, car pour le luxe, si tant il y en eût, il n’en reste que de belles ruines. Mais les proportions sont harmonieuses, les sculptures charmantes. La jungle est tenue à distance…mais pas les visiteurs. Enfin, on fait avec, comme tout un chacun.
PA. et N. nous ont rejoints, et nous avons recommencé avec eux, les grands classiques puisqu’ils ne disposaient que de 2 jours complets sur le site. (Cette fois, J. et moi, nous sommes un peu plus économisés, sachant où cela faisait mal !) Nous n’étions pas saturés et nous avons pris à nouveau du plaisir.
Il a été intéressant, ensuite de confronter nos avis, et de voir, comment chacun de nous, arrivait avec ses fantasmes. N., J. et moi avions la même approche ; plusieurs temples, mais beaucoup plus enfouis dans la jungle. On ne se voyait pas armés de coupe-coupe pour y accéder, mais on imaginait plus sauvages. De deux choses l’une : Où nous en étions restés aux images d’il y a 150 ans, où d’il y a 16 ans : Certains temples ayant été vite faits reconquis par la jungle durant les 30 années de guerre ! PA, ne croyait découvrir qu’un lieu, qu’un temple, mais plus vaste. Et pourtant, nous avons mis plus de deux heures pour arpenter Angkor Vat., et une matinée pour Angkor Thom et le fantastique Bayou, que PA a voulu revoir au coucher du soleil. Là, écroulés dans le tuck-tuck, nous l’avons laissé monter et descendre les impossibles escaliers, pendant qu’avec notre très agréable « chauffeur » et sous le flux serré des questions de N. nous apprenions le Cambodge d’aujourd’hui. Dure, dure la vie des gens. Suivant les conditions climatiques, dans son village, la moitié des paysans (100 familles) n’assurent pas la jonction en riz, donc souffre de la faim, ou attend de l’aide des enfants. Grands où petits, hélàs ! Faire suivre une scolarité à un enfant revient à 350$, plus l’uniforme, les fournitures et la nourriture. Pour rappel, le salaire minimum garanti, -c’est peut-être optimiste de le dire garanti – tourne autour de 40 -45$, par mois. Dans les villages, donc dès la sortie des villes, pas d’électricité, pas d’eau potable. D’ici 2015 le pays sera complètement électrifié disent les politiques … On sait ce que les belles promesse valent ici comme ailleurs. D’ailleurs les gens n’y croient pas et nous non plus ! La patience des pauvres est incommensurable. Et le pays est dépendant du Laos sur cette question. Le seul signe de modernité décelable, est le téléphone portable. Sa percée a été d’autant plus fulgurante que le réseau filaire classique était totalement hors d’usage.
Et le taxi qui les (PA et N) amenait de Phnom Penh a dit cette phrase terrible : Il ne fait pas bon de naître au Cambodge ….
Commentaire photo :
Ne pas croire que J. a un problème avec la police. Ce brave homme, (peut-être un ancien khmer rouge, car beaucoup se sont reclassés dans la police et l’armée régulière ?) cherchait simplement à arrondir ses fins de mois en s’étant proposé pour nous faire découvrir des sculptures le long d’une rivière. Il était là ; au bout du chemin, sans doute pour veiller à la sécurité des gens. Poste qu’il a déserté sans état d’âme. Le site atteint après un crapahutage dans la jungle (osé, pour moi), - une heure pour 1,5 km, un peu moins pour le retour était sans danger. Le sentier était largement emprunté par d’autres « mordus », et bien balisé. Seulement un peu difficile et sous le soleil ! Finalement, les rocs gravés étaient facilement accessibles à tous… M’enfin, on lui a donné son dollar !