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Mots d'Asie 亚洲闲谈
14 mars 2011

Frontière, 5ème

 

 

Huit jours déjà que nous avons signé notre retour à Shenzhen.

Et surprise, nous nous sommes sentis fatigués !

Les derniers jours n’avaient pas été de tout repos. Après l’épisode éléphant, les étapes pour venir prendre l’avion dans le Yunnan s’étaient enchaînées sans pause véritable. Et les paysages du N. O. du Laos n’ont pas su piquer notre curiosité. Les petites villes, en fait de grosses bourgades, ont peu de charmes et pas beaucoup d’intérêts. Les villages des minorités nous semblaient être des redites de ce que nous avions eu l’occasion de découvrir de plus près au Nord VietNam. La vie rurale y est sans doute encore plus archaïque, plus rudimentaire, plus élémentaire. Mais j’avoue avoir été lasse d’être réveillée, chaque matin de notre vie Lao, par les claironneries  des coqs du voisinage. Loin de moi l’intention de dire que le Laos soit un vaste poulailler, quoique …. Dans la capitale, à deux pas de l’Ambassade de France et à trois du Palais présidentiel, où notre charmant hôtel était niché face à l’hôpital, et près du Mékong, la volaille des alentours ne manquaient pas une occasion de se manifester !

Je serais méchante et injuste. Il est plus sensée de savoir qu’on est dans un  pays rural, de rizières, de jardinage, de champs de tabac et de maïs (en remplacement des pavots, ce qui est tout de même moins lucratif), de plantations d’hévéas, de forêts et d’exploitation des arbres magnifiques au profit de la Chine et de la Thaïlande, avec une petite capitale tranquille, Vientiane sous la chaleur,  une autre ville sanctuaire Luang Prabang envahie par les touristes. Un pays où personne ne court ! Où des expressions telles que « A quelle heure ? »  « Combien de temps ? » Semblent ne pas exister dans les syntaxes locales. (environ 92 dialectes pour 6 millions d’habitants). Un pays qui a souffert de la guerre du Vietnam , bombardé pour cause de fournisseurs de fonds – l’opium –de passage – la piste Ho Chi Minh – et de refuge aux Vietcongs. Un scandale quand on voit  « l’innocence » de la nature. Innocence à laquelle il ne faut sans doute pas trop se fier, si on se réfère au passé des minorités qui peuplent ces régions et qui savaient créer et entretenir des conflits quasi incessants jusqu’à ….ce que les français viennent y mettre leur grain de sel et leur paix dans la dernière partie du 19ème siècle. Avec la fin que l’on sait, il y a plus d’un demi-siècle maintenant.

Il était temps de rentrer. Nous avions arpenté  nos trois pays désirés, et tel Ulysse, il fallait revenir à la maison ;

Nous avons donc un beau matin, pris un minibus vers la frontière chinoise. Le passage est peu fréquenté. Quelques locaux, 2 japonais, 4 occidentaux dont nous. Côté Lao, même gentil bazar que partout. Des bicoques en guise de bureaux. Un bâtiment plus prestigieux est en construction. L’affaire est réglée en moins de deux. Côté chinois, les choses sérieuses commencent. On ne rigole plus !

Les douaniers montent dans le bus nous piquent nos passeports, puis nous font descendre, sortir nos bagages de la soute, et les étaler sur la chaussée. Il est vrai qu’il fait naturellement soleil. Et c’est en riant bien en dedans de moi, que je les vois nous demander d’ouvrir nos sacs. On se croyait sur un de ces marchés comme on venait d’en voir à longueur de jour et le long des routes, où les femmes viennent proposer leurs petites productions. Ces messieurs auront la délicatesse de ne rien tâter de nos affaires à J. et moi. L’âge sans doute ;

L’âge qui a été la cause d’un gros souci pour la suite où nous avions affaire à la police des frontières. Nul n’ignore – pardonnez ma suffisance – la particularité de nos dates de naissance à J. et moi. Comme il y a peu de monde à solliciter le passage en cet endroit, on prend bien le temps d’éplucher nos papiers. Horreur ! Même date, même lieu. Qui plus est, même lieu et même date de délivrance des passeports. Vérifications sous toutes les coutures  -stricto sensu – un puis deux policiers, puis le chef, et ça court et ça monte et ça descend les escaliers. Enfin on me tamponne, je sors, on me rattrape, on me reprend mes papiers, je suis une attraction pour la file d’attente qui bien que peu fournie finie par s’allonger. On revérifie avec celui de J, on remonte, et on redescend enfin avec le sourire. Internet a bien fonctionné en ma faveur. Je suis bien moi. J. est bien lui, et nous pouvons entrer en toute légitimité dans un pays qui ne redoutait que nous !

On nous avait parlé d’une autoroute qui reliait le Poste frontière à Kunming, quelques 700kms plus au Nord, où nous devions prendre l’avion pour rejoindre Shenzhen.

Nous sommes dans le Yunnan.

Le paysage est le même que précédemment, mais le contraste est immédiat. Pourquoi la montagne nous semble-t-elle plus occupée ? Il y a aussi beaucoup de minorités dans ce paysage, mais les villages sont plus rapprochés, plus « cossus » même si l’habitat est identique. Des immensités plantées en hévéas ont rasé  la forêt originelle, les terrasses couvertes de théiers, de rizières, envahissent le moindre recoin cultivable, des cultures intensives de fruitiers, de légumes, s’étendent sur des plaines de moyenne altitude . Les villes, peu nombreuses mais étalées se hérissent de buildings –encore un mot inconnu au Laos -, grouillent de gens qui cependant ont gardé une nonchalance sympathique.

 Nous avions pensé avoir utilisé bon nombre de moyens de locomotion, et avions évité de prendre ces bus couchettes  qui roulent de nuit. Une surprise nous attendait pour l’ultime étape. Le bus de jour était à couchettes ! Là aussi pas le choix. Nous avons compris pourquoi au fur et à mesure de la progression. Pour parcourir les 540 Kms avant Kunming, sur une excellente autoroute, il a fallu 11heures, avec très peu d’arrêts. C’est donc, en litière à la manière des empereurs romains, que nous avons regagné nos pénates, entre petits roupillons et contemplations d’un interminable paysage de montagnes percées de dizaines de tunnels, aux viaducs vertigineux, aux pentes déraisonnables ! Les dimensions avaient changé. Nous étions bien en Chine.

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Commentaires
G
Allez, les jeunes, c'est un véritable kaléïdoscope que de lire vos derniers exploits. Vraiment cette visite humaniste des sites m'enchante à chaque phrase. J'entends le petit rire de gorge de G lorsqu'il a fallu monter à éléphant (ce que je pense que je n'aurais pas eu le courage de faire). C'est encore une fois un plaisir immense que de lire vos aventures, vos découvertes et surtout les avis que vous avez sur les choses et les gens rencontrés. Enfin, de petits rappels historiques sont une bonne chose pour les béotiens de mon acabit. Reposez vous à Shenzen vous l'avez mérité.
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