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Mots d'Asie 亚洲闲谈
2 mars 2011

L’Eléphant

 

L’éléphant est une grosse bête.

Rien de le dire. Autre chose quand il faut monter la grand’mère sur cet animal-là.

Elle avait pris à la légère la proposition d’un petit trekking en forêt. Des éléphants, nous en avions vu un en traversant un marché, au Cambodge, son paysan sur le dos avec ses baluchons. Nous avions regardé avec dédain ceux d’Angkor, pour les touristes en mal d’exotisme, gentiment promenés. Nous en avions croisé d’autres une troisième fois. Respect. Et maintenant, par je ne sais quelle faiblesse, nous avions dit « pourquoi pas », quand on nous avait parlé de ce village qui se consacrait au savoir-faire des mahouts, et employait une dizaine de ces animaux aux travaux de débardage dans la montagne.

Traverser le Mékong, pour rejoindre le village, sur une pirogue effilée, ne prenait que quelques minutes. Un jeu d’enfant ! On connaît. La veille nous l’avions remonté pendant plus de 10heures. Large de plus de 200m à Luang Prabang, il en fait autour de 40 à Pak Beng où nous avons passé la nuit. Il s’est transformé en une large rivière, jamais calmée, toujours agitée de tourbillons, hérissée d’écueils parfois impressionnants, Il faut bien connaître le cours du fleuve pour mener notre belle pirogue confortable, au milieu de toutes ces embûches. Parfois, les récifs nous font penser au Raz de Sein, la houle en moins. Le niveau des eaux est relativement bas, et le Capitaine devra louvoyer sans cesse. Un ou deux passages de rapides pigmenteront la remontée. Après les seconds, l’équipage (trois hommes) réuni, entamera le sourire aux lèvres, une danse à la proue du bateau. Félicitations pour le capitaine ? Rappels de rites plus anciens ? Nous n’avons quand même pas eu le sentiment de courir vraiment de grands dangers.

La grand’mère, aux pieds de la bête était moins à l’aise !

Un petit promontoire, style échafaudage pour guillotine, haut de huit marches, nous met à la hauteur du dos. Deux aides sont là, gentiment goguenards. Il faut faire un grand pas, mettre un pied sur le cou de l’animal puis l’autre dans l’espèce de nacelle à deux places posée sur cinq épaisseurs de tapis d’écorces, protections pour son dos. Le mahout est déjà en place, assis sur un coussin, dans une position qui me laisse rêveuse, la jambe gauche pendante le long de l’oreille ne cessera  de faseiller, le pied par en dessous, semblant encourager la marche, l’autre jambe repliée sur le cou, le pied faisant des mouvements identiques au dessus de l’oreille droite. Et en route.

 Détendue ? Pas franchement.

Très vite deux constatations s’imposent. Une : Notre éléphant se déplace moins vite qu’un homme en marche lente !

Deux, la sûreté de son pas est stupéfiante.

Il y en aura une troisième : Notre éléphant a semblé n’en faire qu’à se tête, et s’est arrête mille fois pour se faire des gourmandises. Un bambou par ci, un bambou par là, prenant  bien le temps de choisir les fines feuilles bien tendres de l’extrémité quitte à casser en un petit tour de trompe une canne bien respectable ! Son cornac ne semble pas toujours d’accord, surtout quand il parait tenter par une belle touffe en dehors du sentier, ce qui est quelque peu crispant !

Car, notre ballade, n’est pas la plage de Noirmoutier (par exemple). Non, c’est un sentier étroit, escarpé, montant et descendant, sur la montagne et dans la forêt. (Je dirais bien ‘jungle’, mais ça fait presque un peu trop !)

Nous expérimentons ainsi la lenteur et la prudence du pas de l’éléphant qui jamais ne glissera, montera et descendra des pentes très raides, nous obligeant à nous caler avec les pieds et les mains  – je n’ai pas dit : cramponner – pour ne pas plonger sur son cou.

Il devait avoir l’humeur flâneuse, et en traversant un village, s’arrêtera pour contempler un petit cochon noir, insistera pour aller à gauche alors que tout le monde voulait aller à droite, lorgnera  des fourrages un peu trop en contrebas … Un parcours de rigolade pour lui !

Pour un tel baptême, une heure suffisait. Avec entrain, je quittais mon panier de bambou, descendait mon échelle de rescapée et me retrouvais les mains pleines de bananes. Qu’avais-je fait pour mériter telle récompense ?

Mais notre éléphant était là, sa trompe baladeuse poliment fouineuse. L’occasion pour nous de le voir de face. Et de faire des photos. Et, ce sera la quatrième découverte, de le voir de face, marcher, élégant.

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Commentaires
A
Bonsoir ou bonjour à tous-<br /> <br /> Toujours ravis de partir " en voyage" avec vous- C'est vraiment l'évasion et il ne nous semble pas que vous en soyez fatigués- Vos mines sont resplendissantes et les photos qui nous ravissent ce sont celles de la "nouvelle star" à moto... mais cette jeune femme se dévergonde dans les années "sagesse"- J'espère que vous dégustez bien les différents thés- Toutefois, les porcelaines anglaises sont belles et aussi les marchés italiens riches en couleurs- Bonne continuation et nous pensons à votre retour - Oh !!!la !!!la !!! -dans la région les pivoines ont montré leurs premières feuilles-Ciao, Ciao-
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