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Mots d'Asie 亚洲闲谈

8 avril 2011

Les Tulou

Fin de parcours, en beauté, avec ces villages-maisons, habités par les Hakkas, qui ne sont pas une minorité, puisque issus de nombreuses migrations de Hans, comme le reste majoritaire de la population chinoise.tulou_stupa Les migrations étaient souvent induites par les changements de dynasties impériales. Les Hakkas ont, comme beaucoup d’autres régions en Chine, leur langue propre et leur culte des ancêtres développé, puisqu’ils n’avaient pas accès à d’autres formes de religions, dans un milieu hostile pour eux. Ces populations – 90 è 100 millions d’habitants aujourd’hui – ont dû se tailler des territoires dans des zones difficiles , se protéger des autres habitants à qui ils prenaient des terres potentielles,  et surtout des brigands et autres voleurs qui vivaient le long des côtes de cette région. La fameuse côte des Pirates. D’où leur habitat défensif, sophistiqué, inexpugnable. Même les canons de l’armée chinoise en 1936 n’ont fait qu’égratigner certains d’eux !Vue_du_pont

CerclesLes murs sont faits, à la base de pierres, puis de couches successives de bambous et de pisé. Ils peuvent atteindre 1 mètre d’épaisseur. Les petites fenêtres sont percées au niveau des étages supérieurs. Une seule porte d’un bois hyper résistant, au feu et au temps. Renforcée à l’intérieur.

A l’intérieur la répartition de l’habitat vertical est souvent similaire. Dans les étages inférieurs les réserves, les animaux, les cuisines.Periph Chaque ménage la sienne. Et suivant les époques, et la taille des tolou,  4 escaliers pour les étages supérieurs, ou bien un escalier par famille élargie dont les chambres sont au second voire troisième étage. escaliersDes balcons courent tout le long des pièces supérieures, donnant à l’ensemble, un caractère chalet –grand chalet – de montagne, (pour nous dont les références sont bien européennes.)

Dernier détail intéressant : la révolution culturelle n’a rien pu contre les habitants de ces villages. Et pour eux, quelle fierté de nous dire que leur famille vit là, depuis 300, 400 ans !

 

 

 

 

 

 

 Merci à PA et N de nous avoir fait découvrir tant d’aspects divers de leur pays. De nous avoir supportés (dans tous les sens du terme) pendant ces quatre mois de notre voyage ;Souvenir

Merci, aux personnes rencontrées pendant ce voyage, qui ont bien voulu partager avec nous et leur temps et leurs connaissances, et leurs parties de rigolade, leurs rêves et leurs espoirs. Une pensée particulière à F et son mari, à Saigon, à R. et M. à Battambang, aux jeunes Français de Pek, aux prêtres, bons connaisseurs du terrain et de l’Histoire des diocèses de Battambang et de Kampong Cham, aux guides compétents et amoureux de leur pays qui nous ont aidés, et aux rencontres de hasard qui ne liront pas ces remerciements mais qui au bon moment, apportaient le petit plus.

Merci à vous, « cher lecteur » qui étiez la raison de ce blog.

A une prochaine fois.

Geneviève et Joseph

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22 mars 2011

Flashback MEKONG (page 2)


 

La page précédente a laissé un fleuve tranquille, navigable.

Un peu avant d'entrer au Cambodge, donc côté Laos, en le remontant, comme l'ont fait Francis Garnier, Auguste Pavie, Doudard de Lagrée.....

le  MEKONG  se brise;  chutes

20_chutes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                    laboure; rapides

 21_rapides  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

              tournoie; tourbillons

22_remous

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       le MEKONG se rétrécit                                   cotoie montagne et villages

 23_paysage24_village               

 

  Le bateau bute sur notre destination

26_but_e

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lendemain matin,

           le fleuve continue de drainer les eaux du Myanmar et de Chine.

27_suite

 

 

 

 

 

 

22 mars 2011

Flashback MEKONG (page 1)

 

 

1_Carte

 

 

     Le dernier contact à PAKBENG (Laos)

            à l'est de Vientiane

 

     Le premier à CAI BE  (Vietnam)

             au S.E. de HCM

2_dans_le_delta

 

 

 

 

      

 

 

 

       

        Un matin

             

                                                                                                                                                            

 La rencontre des yeux terrifiants, pour les démons du fleuve, d'un bateau d'un grossiste en courges.3_YeuxL'enseigne est sur le mât.

 A proximité, un collègue propose une cargaison de cannes à sucre,

6__Canne___sucre_en_gros

 

 

 

   

 

au mlieu d'un village flottant

4_Village_flottant    5_Habitation

 

 

 

 

 

 

Des canaux de toutes tailles,7_Petits_bras

 

dans un réseau serré,

 

entourant des îles,

 

parfois reliées entre-elles

 

 

 

8_Canaux

 

 

        et parfois non: royaume des ferries

        9_ferry

 

 

         grands

ou petits10_autre_ferry

 

 

 

 

Sur ces eaux plates

 

des pirogues d'enfants entre les roches

ou bancs de sable,                                           des pécheurs,        

11_dans_les_400012_p_cheur

 

 

 

 


                                                                                                                                     

des jardins de basses eaux,                                 La manœuvre de l’épervier exige

13_jardins                     à la fois du tact, du doigté,

                         de  l’adresse et de la force

                         C’est incontestablement l’engin le

                         plus sportif qu’il existe.

                          (Le Chasseur Français)

 

 

 

Le Fleuve c'est aussi

            la baignoire                                                 la lessiveuse            

14_Bonzes

                15_autres_lessives             

   

 


 

 

 

 

et la  piscine des buffles   16_autre_bain            

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le delta,

rives  actives et industrielles,17_Fours___briques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

plus au nord,

industrieuses et pastorales 18_orpaillage  

 

 

                                                         

 

 

                                                                  orpaillage

 19_pont_de_bambou obstinées

pont de bambou, reconstruit tous les ans, après que le MEKONG l'ait emporté, lors des hautes eaux.

 

 

Page 1

20 mars 2011

A Pékin

 Nous n’irons pas au Japon pour la floraison des cerisiers.

Nous sommes allés passer cinq jours à Beijing

Nous ne prenions  pas beaucoup de risques en allant vers le Nord. La météo n’annonçait pas les vents d’est qui pouvaient apporter les nuages radio actifs du pays voisin.

Trois heures d’avion pour rallier la capitale, et quittant la moiteur du Sud, nous trouvons les gelées matinales et un franc soleil égayant une ville encore hivernale.

C’est une ville qui nous plaît. Nous laissons à Shenzhen son côté grande métropole asiatique, agitée, désordonnée, bruyante, et en même temps, impersonnelle, trop neuve avec ses centaines de tours ultramodernes, pour une plus grande métropole, elle aussi aux milliers de tours hardies, « aux rings » deux, trois, quatre cinq, qui signent l’accroissement de cette ville plus policée, plus ordonnée, transformée, mais qui a une âme.IMG_5721 L’élégance des femmes (à notre avis) y est plus assurée et moins « créative » que dans les villes du Sud ! Les magasins de luxe y sont plus nombreux qu’à Paris. Les boutiques Hermès, Armani, Gucci, Cartier, Bally,  Max Mara, Chanel etc., y déploient leurs enseignes sur des sites plus luxueux les uns que les autres. Les européens aiment y vivre dit-on, et notre petite expérience s’accorde vite à cet avis. PA et N ; y ont une agence, ce qui nous a permis, rapidement certes, de tester différentes atmosphères, dans différents quartiers, et de nous être sentis bien partout. Des hutongs, le long de la Cité Interdite où était notre hôtel, et où les gens se saluent, au quartier des antiquaires où Joseph a eu la malchance de perdre son sac, qui nous sera restitué intact, le soir même (grâce à notre site internet), aux quartiers des temples Taoïstes, bouddhistes, sans oublier le Centre Culturel français,  havre affairé où nous avons dévoré la presse, acheté revues et livre, et de l’autre côté de la rue, déjeuné français à La Taverne, petit restaurant très parisien cuisine tendance méditerranéenne. (ne pas s’étonner : au bout de quelques mois d’exil, c’est bienvenu).IMG_5832 Nous rendrons hommage à Confucius en allant visiter son Ecole et les temples où l’Empereur venait décerner les diplômes aux trois meilleurs lettrés de l’Empire  Espaces de calme, où N. y a le nom de son arrière-grand-père gravé dans la pierre des stèles érigées dans une des cours. Espaces un peu désertés par les chinois qui se pressent à deux pas de là, dans un nuage suffocant d’encens, dans la plus importante lamaserie pékinoise, autorisée par l’Etat.IMG_5856 Pèlerins venus en masse, formant des queues impressionnantes pour entrer dans les temples se prosterner devant les bouddhas. Rebutés par la foule, nous n’entrerons que dans l’un d’eux, et notre courage sera récompensé par la contemplation d’un bouddha de 8 mètres de haut taillé d’une seule pièce  en  bois de Santal !IMG_5868b Pour la démarche spirituelle : rien. Aucune sensibilité de ce côté-là !

 

 

 

Nous n’éviterons pas La Rue de la Soie -en fait, un vaste marché dans un building qui a remplacé un ensemble de ruelles - où il faut marchander ferme ses achats, et celle où se trouve la boutique de soies la plus ancienne de Pékin, où il « faut » aller acheter ces merveilleux tissus.   IMG_5717

Nous ferons une incursion, trop courte, dans l’étonnant quartier des artistes, grand territoire qui occupe le site d’une ancienne aciérie à peine démantelée,  et où le long des allées, au milieu des installations industrielles, sont implantés des galeries très chics, des ateliers d’artistes reconnus ou non, des sculptures puissantes. Fortes impressions.IMG_5903 Occasion de souligner, que Pékin, est le second site artistique au Monde, après New York.

Concordance entre les jours pairs,impairs et les n° d’immatriculation des voitures,  interdiction des véhicules immatriculés hors capitale, nous n’aurons pas trop à subir les désagréments des embouteillages, dont on fait grand cas en Europe, nous déplaçant parfois avec beaucoup de célérité. Le vent de sable qui soufflera une journée nous laissera beaucoup plus de champ que les trois mètres (cela arrive) de visibilité, étouffant la ville dans un manteau rouge.

 

Notre premier séjour à Pékin, avait été consacré à La Cité Interdite, aux Temples du Ciel, au Palais d’Eté, à la Grande Muraille, aux Tombeaux des Empereurs Qing, à la vaste place Tienanmen. C’était le premier parcours classique. Cette fois, pour être plus « quotidien » ce fut plus agréable encore. Et nous avons repris notre avion comme on prend le bus, pour revenir dans notre sud, ou en moins de cinq jours, tous les arbres qui avaient perdu leurs feuilles » pour faire hiver » les avaient toutes remises, d’un coup,  tendres et fragiles, pour fêter le printemps. La Chine est vraiment un grand pays !(1)

(1): Première phrase étudiée au cours de chinois !

14 mars 2011

Frontière, 5ème

 

 

Huit jours déjà que nous avons signé notre retour à Shenzhen.

Et surprise, nous nous sommes sentis fatigués !

Les derniers jours n’avaient pas été de tout repos. Après l’épisode éléphant, les étapes pour venir prendre l’avion dans le Yunnan s’étaient enchaînées sans pause véritable. Et les paysages du N. O. du Laos n’ont pas su piquer notre curiosité. Les petites villes, en fait de grosses bourgades, ont peu de charmes et pas beaucoup d’intérêts. Les villages des minorités nous semblaient être des redites de ce que nous avions eu l’occasion de découvrir de plus près au Nord VietNam. La vie rurale y est sans doute encore plus archaïque, plus rudimentaire, plus élémentaire. Mais j’avoue avoir été lasse d’être réveillée, chaque matin de notre vie Lao, par les claironneries  des coqs du voisinage. Loin de moi l’intention de dire que le Laos soit un vaste poulailler, quoique …. Dans la capitale, à deux pas de l’Ambassade de France et à trois du Palais présidentiel, où notre charmant hôtel était niché face à l’hôpital, et près du Mékong, la volaille des alentours ne manquaient pas une occasion de se manifester !

Je serais méchante et injuste. Il est plus sensée de savoir qu’on est dans un  pays rural, de rizières, de jardinage, de champs de tabac et de maïs (en remplacement des pavots, ce qui est tout de même moins lucratif), de plantations d’hévéas, de forêts et d’exploitation des arbres magnifiques au profit de la Chine et de la Thaïlande, avec une petite capitale tranquille, Vientiane sous la chaleur,  une autre ville sanctuaire Luang Prabang envahie par les touristes. Un pays où personne ne court ! Où des expressions telles que « A quelle heure ? »  « Combien de temps ? » Semblent ne pas exister dans les syntaxes locales. (environ 92 dialectes pour 6 millions d’habitants). Un pays qui a souffert de la guerre du Vietnam , bombardé pour cause de fournisseurs de fonds – l’opium –de passage – la piste Ho Chi Minh – et de refuge aux Vietcongs. Un scandale quand on voit  « l’innocence » de la nature. Innocence à laquelle il ne faut sans doute pas trop se fier, si on se réfère au passé des minorités qui peuplent ces régions et qui savaient créer et entretenir des conflits quasi incessants jusqu’à ….ce que les français viennent y mettre leur grain de sel et leur paix dans la dernière partie du 19ème siècle. Avec la fin que l’on sait, il y a plus d’un demi-siècle maintenant.

Il était temps de rentrer. Nous avions arpenté  nos trois pays désirés, et tel Ulysse, il fallait revenir à la maison ;

Nous avons donc un beau matin, pris un minibus vers la frontière chinoise. Le passage est peu fréquenté. Quelques locaux, 2 japonais, 4 occidentaux dont nous. Côté Lao, même gentil bazar que partout. Des bicoques en guise de bureaux. Un bâtiment plus prestigieux est en construction. L’affaire est réglée en moins de deux. Côté chinois, les choses sérieuses commencent. On ne rigole plus !

Les douaniers montent dans le bus nous piquent nos passeports, puis nous font descendre, sortir nos bagages de la soute, et les étaler sur la chaussée. Il est vrai qu’il fait naturellement soleil. Et c’est en riant bien en dedans de moi, que je les vois nous demander d’ouvrir nos sacs. On se croyait sur un de ces marchés comme on venait d’en voir à longueur de jour et le long des routes, où les femmes viennent proposer leurs petites productions. Ces messieurs auront la délicatesse de ne rien tâter de nos affaires à J. et moi. L’âge sans doute ;

L’âge qui a été la cause d’un gros souci pour la suite où nous avions affaire à la police des frontières. Nul n’ignore – pardonnez ma suffisance – la particularité de nos dates de naissance à J. et moi. Comme il y a peu de monde à solliciter le passage en cet endroit, on prend bien le temps d’éplucher nos papiers. Horreur ! Même date, même lieu. Qui plus est, même lieu et même date de délivrance des passeports. Vérifications sous toutes les coutures  -stricto sensu – un puis deux policiers, puis le chef, et ça court et ça monte et ça descend les escaliers. Enfin on me tamponne, je sors, on me rattrape, on me reprend mes papiers, je suis une attraction pour la file d’attente qui bien que peu fournie finie par s’allonger. On revérifie avec celui de J, on remonte, et on redescend enfin avec le sourire. Internet a bien fonctionné en ma faveur. Je suis bien moi. J. est bien lui, et nous pouvons entrer en toute légitimité dans un pays qui ne redoutait que nous !

On nous avait parlé d’une autoroute qui reliait le Poste frontière à Kunming, quelques 700kms plus au Nord, où nous devions prendre l’avion pour rejoindre Shenzhen.

Nous sommes dans le Yunnan.

Le paysage est le même que précédemment, mais le contraste est immédiat. Pourquoi la montagne nous semble-t-elle plus occupée ? Il y a aussi beaucoup de minorités dans ce paysage, mais les villages sont plus rapprochés, plus « cossus » même si l’habitat est identique. Des immensités plantées en hévéas ont rasé  la forêt originelle, les terrasses couvertes de théiers, de rizières, envahissent le moindre recoin cultivable, des cultures intensives de fruitiers, de légumes, s’étendent sur des plaines de moyenne altitude . Les villes, peu nombreuses mais étalées se hérissent de buildings –encore un mot inconnu au Laos -, grouillent de gens qui cependant ont gardé une nonchalance sympathique.

 Nous avions pensé avoir utilisé bon nombre de moyens de locomotion, et avions évité de prendre ces bus couchettes  qui roulent de nuit. Une surprise nous attendait pour l’ultime étape. Le bus de jour était à couchettes ! Là aussi pas le choix. Nous avons compris pourquoi au fur et à mesure de la progression. Pour parcourir les 540 Kms avant Kunming, sur une excellente autoroute, il a fallu 11heures, avec très peu d’arrêts. C’est donc, en litière à la manière des empereurs romains, que nous avons regagné nos pénates, entre petits roupillons et contemplations d’un interminable paysage de montagnes percées de dizaines de tunnels, aux viaducs vertigineux, aux pentes déraisonnables ! Les dimensions avaient changé. Nous étions bien en Chine.

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2 mars 2011

L’Eléphant

 

L’éléphant est une grosse bête.

Rien de le dire. Autre chose quand il faut monter la grand’mère sur cet animal-là.

Elle avait pris à la légère la proposition d’un petit trekking en forêt. Des éléphants, nous en avions vu un en traversant un marché, au Cambodge, son paysan sur le dos avec ses baluchons. Nous avions regardé avec dédain ceux d’Angkor, pour les touristes en mal d’exotisme, gentiment promenés. Nous en avions croisé d’autres une troisième fois. Respect. Et maintenant, par je ne sais quelle faiblesse, nous avions dit « pourquoi pas », quand on nous avait parlé de ce village qui se consacrait au savoir-faire des mahouts, et employait une dizaine de ces animaux aux travaux de débardage dans la montagne.

Traverser le Mékong, pour rejoindre le village, sur une pirogue effilée, ne prenait que quelques minutes. Un jeu d’enfant ! On connaît. La veille nous l’avions remonté pendant plus de 10heures. Large de plus de 200m à Luang Prabang, il en fait autour de 40 à Pak Beng où nous avons passé la nuit. Il s’est transformé en une large rivière, jamais calmée, toujours agitée de tourbillons, hérissée d’écueils parfois impressionnants, Il faut bien connaître le cours du fleuve pour mener notre belle pirogue confortable, au milieu de toutes ces embûches. Parfois, les récifs nous font penser au Raz de Sein, la houle en moins. Le niveau des eaux est relativement bas, et le Capitaine devra louvoyer sans cesse. Un ou deux passages de rapides pigmenteront la remontée. Après les seconds, l’équipage (trois hommes) réuni, entamera le sourire aux lèvres, une danse à la proue du bateau. Félicitations pour le capitaine ? Rappels de rites plus anciens ? Nous n’avons quand même pas eu le sentiment de courir vraiment de grands dangers.

La grand’mère, aux pieds de la bête était moins à l’aise !

Un petit promontoire, style échafaudage pour guillotine, haut de huit marches, nous met à la hauteur du dos. Deux aides sont là, gentiment goguenards. Il faut faire un grand pas, mettre un pied sur le cou de l’animal puis l’autre dans l’espèce de nacelle à deux places posée sur cinq épaisseurs de tapis d’écorces, protections pour son dos. Le mahout est déjà en place, assis sur un coussin, dans une position qui me laisse rêveuse, la jambe gauche pendante le long de l’oreille ne cessera  de faseiller, le pied par en dessous, semblant encourager la marche, l’autre jambe repliée sur le cou, le pied faisant des mouvements identiques au dessus de l’oreille droite. Et en route.

 Détendue ? Pas franchement.

Très vite deux constatations s’imposent. Une : Notre éléphant se déplace moins vite qu’un homme en marche lente !

Deux, la sûreté de son pas est stupéfiante.

Il y en aura une troisième : Notre éléphant a semblé n’en faire qu’à se tête, et s’est arrête mille fois pour se faire des gourmandises. Un bambou par ci, un bambou par là, prenant  bien le temps de choisir les fines feuilles bien tendres de l’extrémité quitte à casser en un petit tour de trompe une canne bien respectable ! Son cornac ne semble pas toujours d’accord, surtout quand il parait tenter par une belle touffe en dehors du sentier, ce qui est quelque peu crispant !

Car, notre ballade, n’est pas la plage de Noirmoutier (par exemple). Non, c’est un sentier étroit, escarpé, montant et descendant, sur la montagne et dans la forêt. (Je dirais bien ‘jungle’, mais ça fait presque un peu trop !)

Nous expérimentons ainsi la lenteur et la prudence du pas de l’éléphant qui jamais ne glissera, montera et descendra des pentes très raides, nous obligeant à nous caler avec les pieds et les mains  – je n’ai pas dit : cramponner – pour ne pas plonger sur son cou.

Il devait avoir l’humeur flâneuse, et en traversant un village, s’arrêtera pour contempler un petit cochon noir, insistera pour aller à gauche alors que tout le monde voulait aller à droite, lorgnera  des fourrages un peu trop en contrebas … Un parcours de rigolade pour lui !

Pour un tel baptême, une heure suffisait. Avec entrain, je quittais mon panier de bambou, descendait mon échelle de rescapée et me retrouvais les mains pleines de bananes. Qu’avais-je fait pour mériter telle récompense ?

Mais notre éléphant était là, sa trompe baladeuse poliment fouineuse. L’occasion pour nous de le voir de face. Et de faire des photos. Et, ce sera la quatrième découverte, de le voir de face, marcher, élégant.

2 mars 2011

Luang Prabang

 

 

Quatre syllabes mythiques ;

Des images de lectures plein la tête.

Nous y arrivons, en soirée après 9 heures de bus, dont 5 de montagne. De la vraie. Une route de crête, large pour deux gros véhicules. Si le chauffeur la rate, c’est sans fond, bien que l’altitude soit moyenne. Le paysage est très beau. L’horizon ouvert. Des villages entourés de cultures, loin de tout, s’étirent. La jungle couvre les versants. Il y a encore des éléphants sauvages dans ces régions. Et des tigres ? Vers la fin de l’après midi, les habitants se toilettent, lessivent leur linge dans les filets d’eau qui tombent. Tout serait idyllique, si ce n’était les virages ! Des centaines, l’un déroulant l’autre ! Notre conducteur est hyper prudent, et la progression est lente, mais quand nous arriverons à destination, tels des marins débarquant, nous chalouperons encore sur la terre ferme pendant quelques instants !

Luang Prabang.

Dans un cadre de montagnes douces, une petite ville, attachante qui n’a rien à voir avec les grandes (et petites) villes asiatiques. Pas de poussière, des trottoirs qui se tiennent, de petites rues fleuries (travail des français ,1997) qui descendent sur les deux  rivières. Un boulevard de mer (pardon pour l’extrapolation) ombragé où des petits établissements servent des repas locaux sur des terrasses surplombant  le Mékong large d’environ 200 mètres. Entre saison sèche et saison des pluies, le marnage peut atteindre 14 mètres. Sur la rive opposée, en pente douce, des jardins où poussent des choux, des carottes, des oignons, des salades, des radis, des tomates, des concombres, des piments, des plantes aromatiques, qui seront vendus tôt au marché du matin, dans deux ou trois rues de la ville, proches du débarcadère, et que nous retrouverons un plus tard dans nos assiettes, avec l’inévitable riz.. Pas de pont à ce niveau. Les déplacements se font à bord des pirogues étroites. Deux ferries, composés de deux pirogues couplées, avec un plancher central pouvant transporter une petite camionnette ou un 4/4, assurent les gros déplacements avec le village d’en face.

Et des Temples !

Gais, colorés, scintillants de leur mosaïque de verre, rouge rubis, vert émeraude, or, à taille humaine, leur bouddhas bienveillants, avec leurs moines et moinillons allant et venant (les plus âgés sont plus discrets), parlant volontiers avec les visiteurs, pas renfrognés du tout, nous régalant – involontairement – d’un concert de tambour, cymbales et gong en fin d’après midi, ce samedi. On visite les plus célèbres, on délaisse les autres avec regret. On visite aussi l’ancien palais royal devenu musée depuis que le régime communiste a renversé la monarchie (1975). Nous remarquons qu’il a la même situation par rapport au Mékong que celui de Pnom Phen, en plus modeste.

Mais que de touristes ! Le centre ville est le domaine des guesthouses et des boutiques, des agences de voyages. Les prix sont inabordables pour les locaux qui vivent à la périphérie, laissant les maisons aux parisiens et américains qui viennent y passer l’hiver. Au marché du soir, remarqué déjà par les premiers français découvrant la ville, il y a plus de 150 ans, il n’y a pas un Lao, uniquement des étrangers, et beaucoup de produits vendus sont ….copies chinoises !

Nous quitterons la ville, à regret, en bateau, plein ouest, pour 9 heures de navigation, sur ce fleuve que nous fréquentons plus que nous ne l’imaginions au départ.

Le parcours s’annonce superbe

2 mars 2011

Henri Mouhot

 

 

Quand, à Louang Prabang, la visite supplémentaire d’un temple devient une épreuve, le voyageur peut s’offrir des divertissements : une croisière sur le Mékong – Tiens, le revoilà – une ballade sous une cascade, une échappée aux éléphants. Nous avons choisi la tombe d’Henri Mouhot.

Lieu de mémoire, pour ce héros (1826 -1861) qui a découvert Angkor et a été le premier français à entrer au Laos.  Décédé des fièvres tropicales ; il a été inhumé sur place le long de la rivière, par les indigènes qui l’accompagnaient et qui rapportèrent à Hanoi son journal.. Un autre français qui faisait partie de ces gens qui croyaient en ce qu’ils faisaient  et dont les récits sont passionants à lire, mettait ce royaume sous protectorat français quelques années plus tard, et ce fut Le Tonkin. (J’abrège outrageusement).

Pour nous rendre sur place, nous avions demandé un inévitable touk-touk. Ce fut un mini van. Tout compte fait, plus confortable. Le chauffeur qui s’est cru devoir être notre guide ne pratiquait ni l’anglais ni le français, ne connaissait pas le site, mais selon l’habitude, tenait à nous accompagner jusqu’à la destination finale. Un petit raidillon sableux dans la forêt, et nous arrivons dans une petite clairière, au-dessus de la rivière, là où s’élève le simple tombeau blanc. Emotion.. (le poids des lectures).  Je dépose une fleur d’un très beau bleu, cueillie sur une liane le long du chemin. Pendant ce temps, un petit groupe anglophone est arrivé, avec son guide qui prendra le temps d’expliquer en Lao, au nôtre, de quelle affaire il s’agit. Et nous voyons notre homme cueillir deux brins de feuillages, sortir de sa poche un billet de 5000 kips et faire une offrande à la mode bouddhiste au pied du tombeau !

J’allais oublier de signaler que sans l’avoir voulu - ni payé pour cela- au cours du trajet, nous avons vu des éléphants., Devenons-nous blasés ?

19 février 2011

Au fil du Mékong

Nous avons retrouvé le fleuve à Kompong Cham et nous le suivrons dorénavant jusqu’à Vientiane et Luang-Prabang. La route le suit de plus ou moins près, nous l’apercevons de temps à autre, en basses eaux, large, calme dans les villes étapes. A Stung Treng, une bourgade moche, poussiéreuse et sale, dernière ville où nous avons séjourné avant la frontière avec le Laos, nous logerons sur ses berges. Cette partie nord du Cambodge est un désastre. Le reste du pays n’était pas toujours réjouissant, d’autant que nous le parcourons en fin de saison sèche, mais là, le maximum de la pauvreté nous semble atteint : La jungle brûlée des deux côtés de la route –il paraît que cela correspond à une double motivation- méthode de culture, et éloignement des animaux sauvages- des masures, paillotes le plus souvent, isolées, clairsemées le long de la route en bon état pour une fois (Elle a été refaite il y a moins de 10 ans par les chinois ). Un isolement dramatique pour les colons qui ont accepté de venir se réinstaller là. Pas d’école. Des moyens de locomotion, à peine croyables : mini vans bourrés de gens et de l’indispensable. Nombre du mini maisons sont abandonnées, ce qui ajoute encore à la désolation.

Nous étions presque à la hauteur de la situation. Mal conseillés, nous avions pris un bus qui soi-disant ralliait plus rapidement  Kampong-Cham à Stung Tren. Nous étions les seuls blancs. Le car était aussi bien plein, avec des gens assis sur de minuscules tabourets ou des ballots qui encombraient l’allée centrale. J’ai failli craquer quand, à une station service, l’aide chauffeur a introduit dans cette même allée 2 jerrycans que j’ai pris pour de l’essence. J. a essayé de me rassurer et j’ai bien voulu le croire (un peu).

 Le meilleur était à venir.

A une quinzaine de Kms de Stung Treng, le bus fait un arrêt, et l’assistant nous invite à descendre, et s’en va chercher nos bagages dans la soute. Nous n’en croyons pas nos yeux. Presque au milieu de nulle part. Deux, trois abris qui font petits commerces,, des gens qui attendent on ne sait qui ou quoi, puisqu’ils ne monteront pas dans le bus qui part vers l’Est,  quelques garçons, quelques motos. L’un se proposera de nous conduire à la ville. Trois sur la moto ? L’étonnement n’est que pour nous. Pas le choix, Ce sera oui. Il s’empare du sac de J. un peu plus gros que le mien et se le cale entre les jambes. Je m’assois derrière lui, bien collée pour laisser de la place à J. qui a enfilé mon propre sac. Nous sommes un peu plus épais que les natifs, et je m’inquiéterais vingt fois de savoir si J. ne déborde pas trop et tient la secousse ! A l’arrivée, dans le meilleur de la ville,  nous sommes trempés de sueur et j’ai quelque peine à descendre de ma monture ! Quel triomphe !

Le lendemain, le passage de la frontière se fera sans souci, le visa sera délivré sur place dans les 5 minutes. Et si nous retrouvons, au Laos, le même paysage que la veille, l’habitat est plus fourni, les cultures plus diversifiées, la pauvreté moins extrême. Le bus est rempli de Blancs, que nous retrouvons à la frontière, hormis cinq étudiants cambodgiens parlant un anglais impeccable, qui nous prennent en amitié. Ils sont excités comme des puces, sortent pour la première fois de leur pays. Ils consultent avec intérêt nos documents (cartes et guide) y comprennent goutte, et s’étonnent que dans « votre vieux pays, vous parlez français » ! AH là la, il y a encore du travail à faire§

13 février 2011

Angkor, deuxième

Malraux nous est quand même revenu, lorsque nous sommes allés visiter, à une quarantaine de Kms (en taxi) le Banteay Srei, ce temple que nous avons beaucoup aimé  - et lui aussi certainement, ce qui lui avait valu quelques ennuis avec la police locale.malraux Là, « tout est calme, luxe … » Façon de dire, car pour le luxe, si tant il y en eût, il n’en reste que de belles ruines. Mais les proportions sont harmonieuses, les sculptures charmantes.fronton La jungle est tenue à distance…mais pas les visiteurs. Enfin, on fait avec, comme tout un chacun.Temp1

PA. et N. nous ont rejoints, et nous avons recommencé avec eux, les grands classiques puisqu’ils ne disposaient que de 2 jours complets sur le site. (Cette fois, J. et moi, nous sommes un peu plus économisés, sachant où cela faisait mal !) Nous n’étions pas saturés et nous avons pris à nouveau du plaisir.PA

Ng  Il   a été intéressant, ensuite de confronter  nos avis, et de voir, comment chacun de nous, arrivait avec ses fantasmes. N., J. et moi avions la même approche ; plusieurs temples, mais beaucoup plus enfouis dans la jungle. On ne se voyait pas armés de coupe-coupe pour y accédeteter, mais on imaginait plus sauvages. De deux choses l’une : Où nous en étions restés aux images d’il y a 150 ans, où d’il y a 16 ans : Certains temples ayant été vite faits reconquis par la jungle durant les 30 années de guerre ! PA, ne croyait découvrir qu’un lieu, qu’un temple, mais plus vaste. Et pourtant, nous avons mis plus de deux heures pour arpenter Angkor Vat., et une matinée pour Angkor Thom et le fantastique Bayou, que PA a voulu revoir au coucher du soleil. Là, écroulés dans le tuck-tuck, nous l’avons laissé monter et descendre les impossibles escaliers, pendant qu’avec notre très agréable « chauffeur » et sous le flux serré des questions de N. nous apprenions le Cambodge d’aujourd’hui. Dure, dure la vie des gens. Suivant les conditions climatiques, dans son village, la moitié des paysans (100 familles) n’assurent pas la jonction en riz, donc souffre de la faim, ou attend de l’aide des enfants. Grands où petits, hélàs ! Faire suivre une scolarité à un enfant revient à 350$, plus l’uniforme, les fournitures et la nourriture. Pour rappel, le salaire minimum garanti, -c’est peut-être optimiste de le dire garanti – tourne autour de 40 -45$, par mois. Dans les villages, donc dès la sortie des villes, pas d’électricité, pas d’eau potable. D’ici 2015 le pays sera complètement électrifié disent les politiques … On sait ce que les belles promesse valent ici comme ailleurs. D’ailleurs les gens n’y croient pas et nous non plus ! La patience des pauvres est incommensurable. Et le pays est dépendant du Laos sur cette question. Le seul signe de modernité décelable, est le téléphone portable. Sa percée a été d’autant plus fulgurante que le réseau filaire classique était totalement hors d’usage.

 Et le taxi qui les (PA et N) amenait de Phnom Penh a dit cette phrase terrible : Il ne fait pas bon de naître au Cambodge ….police

 

Commentaire photo :

 Ne pas croire que J. a un problème avec la police. Ce brave homme, (peut-être un ancien khmer rouge, car beaucoup se sont reclassés dans la police et l’armée régulière ?) cherchait simplement à arrondir ses fins de mois en s’étant proposé pour nous faire découvrir des sculptures le long d’une rivière. Il était là ; au bout du chemin, sans doute pour veiller à la sécurité des gens. Poste qu’il a déserté sans état d’âme. Le site  atteint après un crapahutage dans la jungle (osé, pour moi), - une heure pour 1,5 km, un peu moins pour le retour était sans danger.chemin Le sentier était largement emprunté par d’autres « mordus », et bien balisé. Seulement un peu difficile et sous le soleil ! Finalement, les rocs gravés étaient facilement accessibles à tous… M’enfin, on lui a donné son dollar !

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