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Mots d'Asie 亚洲闲谈
3 janvier 2011

Hanoï stupéfiante

 

Samedi, jour de l’An, nous débarquons benoîtement de l’avion qui nous apporte de Canton. Le calme des deux heures de vol nous a reposé de l’agitation chinoise, et nous sommes curieux de découvrir la ville. Une voiture nous attend. Pas de précipitation, peu de véhicules, quelques motos, une vitesse modérée, Déjà le changement est sensible. Plus rien de l’agitation, des autoroutes somptueuses, de la vitesse, des immeubles, des tours, des gratte-ciel, de Hong Kong- Shenzhen- Canton. Les maisons de quelques étages, nous semblent modestes, étroites, dispersées.

 Nous arrivons par le Nord, dans la capitale comme dans une petite ville de province : maisons toujours étroites, trois, quatre étages au plus, avec parfois une terrasse couverte tout en haut, les rues s’encombrent de motos qui se faufilent partout. Nous franchissons le Fleuve Rouge qui arrive de bien loin comme son cousin le Mékong venu de l’Himalaya, qui à partir de Hanoi s’ouvre en delta jusqu’à la Mer de Chine, à 120 Kms, dans la  Baie de Halong.

 Le nombre des motos va croissant ; nous entrons dans la ville ancienne où nous avons retenu - de loin - notre hôtel, sur des critères de propreté et d’un certain confort. Et là, c’est le choc ! Des motos partout, des klaxons type sirènes de bateau, des trottoirs encombrés de marchandises, de mini tabourets et mini tables où des gens déjeunent, la nourriture cuite sur un feu entretenu dans le creux d’une brique, d’une boîte ; les viandes, les légumes, le riz, les nouilles, au niveau des pots d’échappement des 250 cm3 elles-mêmes chargées de un , deux, trois passagers, des taxis désespérés qui ne peuvent avancer, des vélos-pousse chargés de leur(s) touristes qui progressent habiles et cool dans ce bazar malgré tout paisible.

Nous en restons bouche-bée

Nous n’aurions jamais eu l’idée de venir chercher un hôtel dans cet endroit. Après 36 heures de séjour, nous nous disons que nous aurions eu tort. Nos yeux se sont habitués à distinguer ce qui nous entoure. Il y en a pléthore dans le quartier, remplis d’occidentaux, à la recherche de « l’authentique ».Et nous logeons au dernier étage d’une maison-tube ancienne (rénovée).Et tout s’explique : L’impôt devenait démesuré pour les propriétaires dont les façades des maisons dépassaient 4,5m de large. Ce qui est vraiment peu. Elles se sont donc étirées en profondeur et en hauteur, en ne dépassant toutefois pas les 3 ou 4 étages, parfois 5.

Il en résulte dans la longueur des pièces totalement aveugles, Dans notre hôtel, a été aménagée une cour intérieure couverte, charmante comme un patio andalou où s’ouvre la fenêtre de chaque chambre.

On s’habitue tellement à tout qu’aujourd’hui, nous avons pris notre déjeuner dans un restaurant de trottoir : Pas au ras des chaussures quand même, on ne se sent pas ce courage-là, mais le tout à 60cm de haut ! Un bol de vermicelles vietnamiens –en fait des spaghettis de riz –d’une part, servis dans une soucoupe, et d’autre part, un bol de bouillon délicieusement parfumé dans lequel flottaient des petits morceaux grillés de viande de bœuf (croyons- nous, mais il faut se méfier car dans le quartier de notre repas, on sert volontiers du chien), et des morceaux de légumes croquants non identifiés.

Technique : prendre avec ses baguettes, des nouilles, une bouchée si on peut,- mais ça glisse et c’est long, ça fait flop- les plonger dans le bouillon pour leur donner du goût, et s’il en reste encore entre les baguettes, les aspirer sans se tacher (ça balance). Pas de difficultés pour attraper la viande et les légumes. Coût total de l’opération, pour nous deux : 80 centimes d’euros ! Ensuite, nous sommes allés boire pour le même prix, une bière, dans un mini- estaminet aussi douteux.

Douteux ? Oui et non.

Bien sûr, cela ne correspond en rien à nos critères occidentaux. Et même en Chine, nous ne voudrions pas « fréquenter » ce type d’endroit. Mais nous ouvrons grands les yeux pour déceler ce qui est propre de ce qui ne l’est pas. Cela ne veut pas dire que nous recommencerons chaque fois ces expériences. Nous ne voulons pas nous inscrire dans la longue liste des victimes de la tourista.

Naturellement, si nous étions descendus à l’hôtel Métropole, le toujours palace de l’époque de la colonisation, nous n’aurions  pas ce genre d’anecdotes à raconter !

Car, au-delà du « Lac de l’Epée Renversé », cœur de la ville et à l’opposé du quartier indigène, il y avait le quartier colonial, avec sa superbe Banque d’Indochine, un orgueilleux bâtiment des années 30 (Il y en a qui n’avait rien vu venir ), un opéra, imitation de l’opéra Garnier, de très jolies villas fin XIXème, un jardin (ex Paul Bert )avec son square à musique, encadré par des bâtiments administratifs, architecture de la même époque, une somptueuse « résidence du Tonkin » De la belle époque, restent encore une cathédrale ( 1880 )étonnante qui s’affiche le soir en multicolore et assure toujours sa fonction de culte catholique, un pont long de près d’un km, , qui a bien vieilli, et qui ne voit pas souvent la peinture,ouvrage de Mr Eiffel, le seul pont à traverser le fleuve pendant très longtemps. Nous l’avons pris, à pied, frôlés par des centaines de motos, ce qui nous a permis de surplomber les rives cultivées entre 2 crues, et pour une fois, de dominer des bananiers.

 Ce quartier donne bien entendu un autre visage à Hanoi que celui dans lequel nous avons débarqué : Plus conforme à nos habitudes. Mais les motos y sont toujours aussi vibrionnantes, surchargées, fantaisistes, et leurs pilotes, équilibristes, adroits, obstinés et imperturbables.

Nous continuons à explorer la ville, mais déjà nous savons que nous n’irons pas voir la « momie » de Ho Chi Minh qui tout comme son grand frère Mao, repose dans un mausolée « stalinien » et dans un décor (paraît-il) sépulcral. Ce qui est bien de circonstance !

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Commentaires
P
Voilà qui donne des envies de louer une moto et de se couler dans le trafic. <br /> Bonne année à vous deux. Profitez bien de la chaleur parce qu'ici ça continue à cailler sec.<br /> bises
M
Nous reconnaissons tout à fait l'ambiance que nous avions connue...Vous ne nous parlez pas du temple de la Littérature!!!Mais vous y serez sûrement allés pour goûter le calme et la sérénité de ce lieu magique.<br /> Autre proposition, le quartier des ferblantiers et autres commerces que j'ai adoré.<br /> Et puis si vous allez manger au restaurant "Verticale", près de l'ambassade de France, dites un bonjour de notre part au chef Didier Corlou qui est un ami, et qui propose des plats fabuleux.
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